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écrit Par :

Stratégie

Publié le : 11/12/2023

Mis à jour le : 16/01/2024

Avant de communiquer, il faut écouter

Le manque d’attention porté aux autres, et notamment l’absence d’écoute, sont des caractéristiques de notre ère de l’immédiateté, de l’urgence, de la course au toujours plus et pas nécessairement au toujours mieux. Cette absence d’écoute s’observe dans la vie quotidienne comme au travail. Pourtant, dans la vie professionnelle, l’écoute et donc l’empathie sont des compétences primordiales au management, à la collaboration, au travail en équipe, à la communication. Mais sommes-nous toujours bien conscients de notre incapacité d’être à l’écoute ?

Qui n’est pas curieux ou audacieux face à une interrogation, préférera toujours être rassuré par ses propres réponses, plutôt que dérangé ou inquiété par celles des autres. À une époque où toute information est désormais remise en cause, quel que soit son émetteur, où la confiance est donnée à celui ou celle qui affirme ce que l’on a envie d’entendre, plutôt qu’aux faits qui s’imposent, où les faits ne s’imposent même plus d’ailleurs, puisque certains prétendent qu’il y aurait des vérités cachées qui contrediraient les faits… on finit par douter, par se renfermer sur soi, s’isoler dans ses convictions, au point de ne plus écouter, refusant toute remise en cause, voire même la moindre ouverture.

Les fake news intéressent de plus en plus les populations du monde entier, au bénéfice des populistes qui l’ont parfaitement compris, et qui en jouent, en les partageant sans gêne, en les créant de toutes pièces si nécessaire, en affirmant sans honte et sans limite des mensonges plus grossiers les uns que les autres. Ce format de communication politique, cette nouvelle propagande, fléau de notre société moderne, est particulièrement facilitée par les réseaux sociaux, dont les algorithmes savent identifier les intérêts de chacun pour nous nourrir des fausses informations auxquelles on a envie de croire, et qui conforteront nos croyances.  

Dans ces conditions, tout dialogue devient difficile, et tout débat impossible.

Écouter, ce n’est pas seulement rester silencieux

En évoluant dans une société où la population porte de moins en moins de considération aux sachants, notamment aux scientifiques, où certains s’improvisent experts sur les réseaux comme sur les plateaux télé, où les plus outranciers sont parfois privilégiés pour assurer l’audience, dans ce contexte où l’individualisme l’emporte sur le groupe, où l’ignorance individuelle l’emporte sur l’intelligence collective, comment pouvoir encore être attentif à l’autre ?

Écouter, c’est une question de courtoisie et d’intelligence

Ces travers se retrouvent dans les comportements au travail, où l’importance de l’écoute devient un sujet d’avertissement, de formation, de coaching… Mais écouter, ce n’est pas seulement rester silencieux quand une personne s’exprime. C’est aussi être attentif à ses propos, à son exposé, plus qu’à notre messagerie sur notre PC ou à nos réseaux sociaux sur notre smartphone. C’est offrir une écoute active, pour entendre ce que l’autre dit, ses mots, ses silences, sa communication non verbale, et non uniquement attendre son tour pour s’exprimer, sans considération de ce qui vient d’être dit. Une réunion de travail utile n’est pas celle d’un dialogue de sourds où chacun déverse ses phrases préparées à l’avance, mais celle où un dialogue naît de l’écoute, de l’évolution d’une réflexion commune qui se nourrit de l’accumulation et de l’analyse des informations apportées par toutes et tous.

Il n’y a pas de communication sans écoute

Écouter, c’est aussi avoir la courtoisie et l’intelligence de prendre connaissance de la réponse à une question qu’on vient de poser soi-même. Sauf si poser la question avait pour seul objectif de faire du bruit, pour rappeler qu’on existe, sans intention d’écouter une réponse.

Qui n’a jamais vécu dans sa carrière le fait d’être questionné sur un sujet ayant trait à son expertise par une personne qui n’écoute pas votre réponse, ne s’intéresse pas aux éléments que vous lui communiquez, voire qui vous coupe dans vos propos, pour vous donner une opinion, généralement très personnelle, sans aucune compétence professionnelle sur le sujet, et qui s’arroge une légitimité à vous opposer un point de vue, sans même avoir écouté le vôtre, certaine de sa vision, de son opinion, de ses certitudes, de ses croyances… ?

Comment construire un projet dans ces conditions ? Comment collaborer ? Comment engager un travail d’équipe, en associant toutes les compétences et expertises utiles ?

Il n’est pas possible de communiquer sans écouter ; il n’est pas possible d’évoluer, de progresser, sans écouter. Sauf à vouloir s’isoler, se couper du reste du monde, sauf à s’imaginer en freelance intégré et non comme membre d’une équipe au travail, d’une communauté au quotidien, alors il est urgent de restaurer l’écoute comme valeur sociétale fondamentale. Faut-il encore que chacun puisse en prendre conscience, et commencer par donner l’exemple !

Écrit par :

Frédéric Fougerat

Paroles de dircoms

Être directeur ou directrice de la communication est avant tout un métier de l’ombre. C’est peut-être la raison pour laquelle ces professionnels prennent peu la parole. Celle-ci est pourtant utile pour partager des convictions, des expériences, des expertises… voire indispensable, pour mieux expliquer à celles et ceux qui ne connaissent pas les missions et responsabilités de la communication, ou faire comprendre à d’autres qui en douteraient, que la com est un métier.